signembspectacle déambulatoire autour de l’histoire et de la mémoire du Domaine St Cyr à Rennes

signembconception : Marine Bachelot Nguyen

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Photographies : Caroline Ablain

 

Derrière les murs de schiste du Domaine Saint Cyr à Rennes, pendant presque deux siècles, a vécu une vaste communauté de femmes et de filles : les religieuses de Notre-Dame de Charité, et des centaines d’adolescentes placées par les Tribunaux ou par l’Assistance publique, dont elles s'occupaient.

Qui étaient les « mauvaises filles » qui vivaient et travaillaient à Saint Cyr ? Que se passait-il derrière les murs de l’institut de rééducation ou de préservation ? Et au dehors ? Quelles histoires résonnent, transpirent ou se taisent encore ? Quelles racines s’enracinent, quelles eaux troubles ?

Marine Bachelot Nguyen s’est penchée sur l’histoire et la mémoire de Saint Cyr, du XIXème siècle jusqu’aux années 70. Pour tenter de rendre compte, d’évoquer les vies et la condition de ces femmes, à la lumière d’enjeux féministes toujours actuels.

Le déambulatoire théâtral, mené et interprété par trois actrices, a lieu dans les espaces du Parc, où se trouvent aujourd’hui, entre autres, le théâtre La Paillette, la MJC-Lavoir et l’ancien monastère devenu maison de retraite.

 
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Générique

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Conception, écriture, mise en scène Marine Bachelot Nguyen
Interprètes Garance Dor ou Émilie Quinquis ou Flora Diguet, Bérengère Lebâcle, Claire Péron
Technique et mise en lumière Albert Mouazan, Arnaud Godest, Mathias Hérard
Accompagnement vidéo et traces Julie Pareau
Gestion administrative Sonia Rolland puis Charlotte Hubert-Vaillant

Production Lumière d’août
Coproduction La Paillette (Rennes)

Durée 1h15       Jauge 80 spectateurs environ

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Soutiens / Partenaires

La Paillette MJC/théâtre (située dans le domaine Saint Cyr), la Région Bretagne (direction Culture et Égalité des chances), la Ville de Rennes (direction Culture et Droits des femmes), la Délégation Régionale aux Droits des Femmes et à l'Égalité de Bretagne, le festival Les Tombées de la nuit (programmation 2010), la Maison Internationale de Rennes, le Conseil Général 35, la maison de retraite Saint Cyr, l'association Arkenciel, le Comité de quartier Ouest de la Ville de Rennes

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Calendrier

2009 — Janvier-mai : entretiens et récolte de témoignages auprès de femmes ayant vécu ou travaillé à Saint Cyr autrefois. Recherches historiques d’archives.
2009 — Juin-juillet : premières expérimentations théâtrales dans le Parc et finalisation de l’écriture du texte Histoires de femmes et de lessives
2009 — août-septembre-octobre : répétitions dans le Parc St Cyr, Rennes
2009 — 2 octobre (19h30) et 3 octobre (15h et 18h) : création du spectacle dans le cadre de l’ouverture de saison de La Paillette
2009 — 11 octobre : reprise du spectacle à l’occasion de la fête de Saint Cyr (maison de retraite)
2010 — 6 au 8 juillet (20h) : reprise du spectacle dans le cadre du festival les Tombées de la Nuit
2010 — 19 septembre : reprise au Lavoir de Béniguet à Plélan-le-Grand (35) pour le festival Equinoxe
2011 — 30 juin au 2 juillet (20h) : reprise du spectacle dans le Parc St Cyr
2013 — 13 juin (20h30) : reprise du spectacle avec le Ponts des arts, à Cesson-Sévigné (35)
2015 — 11 septembre (14h et 19h) : reprise du spectacle dans le Parc St Cyr - une représentation pour l'Essor et une représentation tout public
2017 — 18 novembre (15h) : lecture dans le cadre des journées contre les violences faites aux femmes, à la Maison Bleue, Rennes
2018 — 9 mars (20h30) : lecture à la Barakafé, Saint Gonlay (35)
 
 

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Vidéo

 

 

L'histoire de Saint Cyr : un matériau documentaire et fictionnel

Le Domaine St Cyr, construit sur une colline et entouré d’un mur de schiste, a été investi à partir de 1808 par les sœurs de l’ordre de Notre-Dame de la Charité, existant comme une enceinte close à l’intérieur de la ville de Rennes. Il accueille alors une population exclusivement féminine, mêlant aux religieuses de l’ordre les pensionnaires accueillies pour y résider: des mineures placées par les Tribunaux (les « pénitentes » : filles de « mauvaise vie », anciennes prostituées, etc.) ou bien par l’Assistance publique (les « préservées » : orphelines, jeunes filles à protéger de leur famille). Pour garantir l’indépendance économique du Domaine et déployer des activités de « rééducation par le travail », les religieuses et leurs pensionnaires travaillent notamment à la blanchisserie-lavoir, où elles lavent et repassent le linge du reste de la ville.

Après la seconde guerre mondiale, le Domaine s’ouvre progressivement aux contacts extérieurs. En 1976 la communauté passe le relais à d’autres associations pour la prise en charge de l’éducation des adolescentes. En 1986, le Domaine Saint Cyr est racheté par la Ville de Rennes et sont implantés au fil des années des équipements à vocation sociale ou culturelle : maison de retraite, résidence étudiante, Maison des Jeunes et de la Culture, Théâtre, etc. Le Domaine Saint Cyr est aujourd’hui un parc public, qui contient tous ces bâtiments, réhabilités ou nouveaux.

Cette longue histoire, qui se dévoile par bribes, demeure pleine de zones intrigantes. Cette assemblée féminine hétéroclite, enclose derrière les murs du schiste du Domaine, occupée à des activités très typiques, constitue une matière documentaire et fictionnelle excitante et porteuse.

L’auteur a rencontré et interviewé quelques témoins privilégiés (sœurs qui vivent encore à la Maison de retraite Saint Cyr, anciennes pensionnaires, éducatrices laïques…), consulté des archives locales, mais aussi des articles et ouvrages historiques récents sur les « filles de justice » et les instituts de rééducation où elles étaient placées.

Le travail d’écriture a pour point de départ ces bases documentées, mais il laisse la place à la fiction, aux écarts poétiques et littéraires, aux associations d’idées et liens vers le contemporain.

Le texte Histoires de femmes et de lessives explore, ausculte cette histoire et ses mémoires contrastées, à travers diverses formes : scènes dialoguées, réalistes ou décalées, monologues et prises de parole collectives, surgissement de personnages, de figures, etc.


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Texte

Le texte est publié aux Éditions des Deux Corps.


Extrait du texte 1 / Arrivées à Saint Cyr

Paysage > Devant le pont de bois qui enjambe le canal. Vue sur le mur du lavoir et sa grande cheminée de briques. On devine derrière le haut des bâtiments et les toitures de Saint Cyr, le clocher de la chapelle.

- Madeleine. Je vends mes fesses à la rue, je vends ma fente aux passants, et ça depuis mes 15 ans. Un beau jour j’en ai assez, de satisfaire le client, de me faire défoncer, de me faire voler mon argent. Je tambourine chez les sœurs de Saint Cyr, c’est le 5 avril 1857 j’ai 20 ans, je veux changer de vie

- Berthe. Un garçon du faubourg d’à côté m’a engrossée, et il n’a pas voulu m’épouser. J’ai essayé de faire passer l’enfant, mais il est né c’est une fille, mes parents m’ont collée ici. J’ai 15 ans, mes seins gonflés de lait me font mal

- Armande. Arrivée à Saint Cyr au beau milieu d’une charrette de foin, provenance de Janzé. Les sœurs ont renversé la paille elles m’ont trouvée, j’ai peut-être 2 ans, j’ai peut-être 3 ans ? Qui m’a cachée là-dedans je sais pas, Saint Cyr j’y ai atterri comme ça, un miracle

- Léontine. Au bal du 14 juillet St Malo j’ai dansé avec un soldat, la valse et les lampions m’avaient tourné la tête. Sur la plage sous sa tente on a couché ensemble mais la police rôdait. « Relation sexuelle dans un lieu accessible au regard du public ». L’avocat de mon soldat a plaidé « C’est un jeune militaire vous comprenez, il faut bien que jeunesse passe ». Moi aussi ma jeunesse passe et passera, derrière les murs de Saint Cyr

- Marguerite. J’ai 12 ans et maman est morte. Mon père et mon frère ils m’ont dit « dans ces cas-là c’est la fille qui remplace la mère ». Alors je remplace maman, à la cuisine au ménage et dans le lit. Maman est morte je la remplace. Un jour j’en parle à une amie, elle me dit « t’es sûre que c’est comme ça ? faut qu’on demande à la maîtresse ». La maîtresse a blêmi, alerté les services sociaux, et hop me voilà à St Cyr j’ai 14 ans

- Jacqueline. Inculpée de vagabondage, le 6 février 1957. J’ai fugué de l’internat, je suis allée chez ma mère, j’ai fugué de chez grand-mère je suis allée chez ma nourrice. J’ai tenté de me suicider, j’ai eu ma première expérience sexuelle, et on m’a rattrapée. Placée, placée à St Cyr, j’ai 18 ans les nerfs à vif

- Paulette. J’ai fait l’amour sur un banc public. Avec un garçon aux mains très chaudes qui portait une casquette. Il m’a soulevée par les hanches sous ma jupe, il est rentré en moi, c’était la première fois. Ça remuait, le vent soufflait dans les feuillages, ça remuait j’ai joui, un policier nous a surpris. Quand les flics sont venus la prévenir ma mère a éclaté de rire « Mes filles de toute façon auront jamais autant plaisir avec les gars que moi j’en ai eu quand j’étais jeune… » Procès-verbal et compagnie, ma mère a écopé d’un an de prison, moi de 5 ans à Saint Cyr. Telle mère, telle fille. C’était en 69, année érotique.

Extrait du texte 2 / Le travail

Paysage > Sur les marches de la galerie-lavoir. Face au bassin d’eau, où se reflètent le ciel, un pan de mur, des arbustes.

Fille 1 – A l’atelier de bonneterie j’ai fabriqué des soutiens-gorge et des culottes pour la marque Petit Bateau. Et vogue la galère !

Fille 2 – J’ai garni des dizaines de matelas en laine, et bourré de plume d’oie des tonnes d’édredons

Fille 1 – Avec la sœur cordonnière j’ai façonné le cuir, confectionné des chaussures pour toutes les filles

Fille 2 – Biné, sarclé le potager fait pousser les légumes qu’on mangeait et les fleurs

Fille 1 – Épluché les patates, nourri les poules et les cochons, baratté le beurre, servi la soupe

Fille 2 – Brodé des kilomètres de draps et de mouchoirs, cousu des tentes de soldats pour la guerre de 1870

La sœur – Certes nous sommes des femmes, mais nous aussi, nous pouvons participer à l’effort de guerre … Et Dieu sait que l’argent est le nerf de la guerre

Fille 1 – Les murs de St Cyr étaient épais mais la guerre arrivait jusqu’à nous, et même nous la touchions

Fille 2 – J’ai frotté les uniformes rouges et bleus des poilus de la guerre de 14, serré dans mes bras leurs corps vides et ballants

Fille 1 – Dans la gueule béante des lessiveuses, j’ai enfourné le sang et la sueur des soldats de la guerre de 39

Fille 2 – Et quand les Allemands ont occupé Saint Cyr, on a blanchi le linge des Allemands

Fille 1 – Et quand les Allemands sont partis, on a repassé les uniformes de l’Armée américaine

La sœur – De quelque armée qu’il soit, pensez à la joie du soldat de se retrouver dans un uniforme propre et bien repassé ! Oui… Provenance de la caserne : 300 pantalons de soldats à blanchir !

Fille 2 – On les a lessivés, essorés, étendus dans la prairie… Et j’imaginais ces 300 pantalons soudain remplis par des jambes et des sexes d’homme, se lever d’un coup, marcher vers les dortoirs les ateliers, fondre sur les 300 filles que nous sommes…

La sœur – Convois de blessés de la guerre d’Algérie ! 3000 draps tachés de sang nous arrivent de l’hôpital Ambroise Paré ! 3000 draps à laver, sécher, repasser et renvoyer en Algérie pour après-demain ! On travaille ce soir après dîner ! Il nous faut des volontaires !

Fille 1 – Et j’ai été volontaire, parce que cette semaine-là j’avais envie de tout casser ou de frapper les autres filles, ou de sauter par la fenêtre. Parfois quand tu travailles tu ne penses plus à rien, ton corps se perd à brasser la saleté, tu te brûles la peau aux grandes presses du repassage, ton corps a mal mais ta tête devient vide, bienheureusement vide

 


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Des lieux et paysages impulseurs d'écriture et de théâtre

Le Domaine Saint Cyr est entouré d’un long mur de schiste, qui délimite son enceinte triangulaire : le bord de la Vilaine d’un côté, et de l’autre, les rues de l’ouest de la ville.

Aujourd’hui demeurent notamment dans le parc le bâtiment du Lavoir (reconverti en MJC) avec sa grande cheminée, l’ancien couvent devenu maison de retraite, le petit cimetière des sœurs, plusieurs chapelles, un calvaire… Et des pelouses plantées d’arbres, des parterres et potagers, une serre, des murets le long de l’eau…

Ces lieux et paysages, poétiquement marquants et porteurs d’histoire(s), ont été autant d’impulseurs d’écriture et de jeu1: le spectacle théâtralise les espaces du parc, joue des apparences et des symboles, fait émerger dans ces lieux paisibles des histoires tumultueuses…

Le spectacle déambulatoire Histoires de femmes et de lessives se déroule en cinq étapes, qui conduisent les spectateurs de l’entrée du Domaine Saint Cyr jusque dans le petit cimetière des sœurs, en passant par l’ancien lavoir ou les enfilades de murs. Les trois actrices incarnent ou esquissent tour à tour de jeunes pensionnaires de Saint Cyr, des religieuses ou femmes plus âgées.

L’occasion de traverser les espaces et le temps, de saisir des fragments de ces destins individuels et collectifs, de faire entendre le langage du stigmate et les révoltes impossibles. D’explorer les racines du monde patriarcal et judéo-chrétien, d’ausculter les mémoires conflictuelles de Saint Cyr, et leurs résonances contemporaines.

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1 Écrire à partir d’un espace et par rapport à un territoire, inscrire le jeu et la performance des acteurs dans la scénographie du paysage, sont des démarches plusieurs fois expérimentées par les auteurs-metteurs en scène de Lumière d’août (voir le cycle des Sorties d’août, le projet de théâtre aéronautique Ciel dans la ville).

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Assemblées de spectateurs

Les représentations qui ont eu lieu à la création du spectacle, puis lors de la reprise aux Tombées de la nuit, ont réuni des assemblées de spectateurs variées et composites : jeunes et anciens, habitants du quartier, spectateurs de théâtre, membres des réseaux féministes, etc. Les retours sont souvent enthousiastes et émus. 

Un partenariat s'est tissé avec La Maison de retraite Saint Cyr : à travers une représentation du spectacle réservée aux résidents et personnels de la Maison de retraite lors de leur fête annuelle en octobre 2009, puis l'accueil début juillet 2010 d'un Café citoyen "Derrière les murs de Saint Cyr. Histoires de filles, rééducation ou éducation?" (en partenariat avec le Comité de Quartier). Cette soirée a rassemblé d'anciennes éducatrices de Saint Cyr, religieuses et laïques, d'anciennes pensionnaires et des éducatrices spécialisées d'aujourd'hui. Marine Bachelot Nguyen a également proposé un Parcours de mémoire, une visite guidée dans les lieux de vie et de travail des femmes de Saint Cyr.

Grâce au spectacle et à ces rencontres, de nombreuses anciennes pensionnaires ou personnes ayant travaillé et vécu à Saint Cyr refont surface, avec leurs histoires de vie.

Plusieurs professionnels et spectateurs soulignent l’originalité de la démarche, son enracinement dans la ville et son histoire, les enjeux humains, sociaux, politiques qu’il explore, par le biais d’une démarche artistique.

Des réflexions sont en cours pour l'adaptation du spectacle dans d'autres espaces que ceux du Parc Saint Cyr (une adaptation partielle a eu lieu au lavoir de Béniguet, à Plélan le Grand, en septembre 2010).

 

Presse

Un titre mystérieux pour un spectacle qui ne l'est pas moins. Ecrit et mis en scène par Marine Bachelot Nguyen de la compagnie Lumière d'août, il s'agit d'une déambulation théâtrale dans le parc Saint-Cyr. Plongée au cœur de l'institution de rééducation pour jeunes filles qu'a longtemps été ce lieu...

« Filles du diable ! Tentatrices ! Vicieuses ! Putains ! Sorcières ! Nettoie et frotte bien ma chemise, bonniche ! (…) Restez cachées derrière vos murs, vous faites mal aux yeux… »

La bordée d'injures déversée au début du spectacle pose d'emblée les bases de l'Histoire, des histoires qui se sont déroulées ici entre 1808, année où les sœurs de l'ordre de Notre-Dame de la Charité créent l'institution, et 1986 lorsque le Domaine est racheté par la ville de Rennes. Celles qui résidaient ici n'étaient pas en odeur de sainteté pour la société. Filles de mauvaise vie, prostituées, délinquantes, orphelines…, elles y étaient placées par les tribunaux, par l'Assistance publique ou par leur famille.

L'endroit était clos, les murs entre 3 et 7 mètres de haut. Seule ouverture vers l'extérieur : le lavoir, pôle industriel et économique de l'institution. Des monceaux de linge y étaient lavés et blanchis en guise de rééducation par le travail. Le lavoir fut lui aussi caché par un mur pour prévenir les pensionnaires des insultes des passants. C'est le point de départ de la déambulation.

Au fil des cinq étapes que nous ne dévoilerons pas, Marine Bachelot Nguyen ne s'enferre pas dans la reconstitution historique ; bien que depuis début 2009 elle se soit énormément documentée sur le sujet. « J'ai épluché les archives, des articles, des livres. Une brochure de la maison de retraite, la biographie de la mère supérieure du XIXe siècle, le rapport d'une sœur pour son diplôme d'éducatrice spécialisée… ». Elle a également recueilli les témoignages d'une sœur éducatrice, d'une ancienne infirmière, d'une éducatrice laïque et d'une ex-pensionnaire.

Ce travail de bénédictin trouve sa raison d'être dans le projet théâtral que Marine Bachelot Nguyen mène actuellement sur les féminismes. Avant ce spectacle déambulatoire, il y eut une lecture-débat au printemps, et une création en salle est prévue pour 2011. Travailler la mémoire du Domaine Saint-Cyr c'est aussi brasser l'histoire de la condition féminine et renvoyer un écho aux politiques éducatives actuelles. « Protéger ou exclure ? Victimes ou pénitentes ? On se pose la question à la lecture des décisions de justice », raconte Marine Bachelot.

Extrait, par Léontine : « Au bal du 14 juillet à Saint-Malo, j'ai dansé avec un soldat. La valse et les lampions m'avaient tourné la tête. Sur la plage, sous sa tente, on a couché ensemble. Mais la police rôdait : « Relation sexuelle dans un lieu accessible au regard du public ». L'avocat de mon soldat a plaidé: « C'est un jeune militaire vous comprenez, il faut bien que jeunesse passe ». Moi aussi ma jeunesse passe, et passera derrière les murs de Saint-Cyr ».

Cofondatrice en 2004 de la compagnie Lumière d'août, l'ancienne thésarde en Arts du Spectacle à l'université Rennes 2 avait présenté Artemisia vulgaris lors du festival Mettre en Scène 2008. Un texte percutant et roboratif à la radicalité salutaire. Autant de bons points que l'on retrouve dans ces Histoires de femmes et de lessives interprétées par trois comédiennes.

Eric Prévert

http://www.lagriffe.org/2010/07/2632/

 

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Contact

Marine Bachelot Nguyen, autrice et metteuse en scène
06 78 52 33 86   02 22 93 57 69
marinebachelot [a] lumieredaout.net
 
 
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