texte de Nicolas Richard

 

 

Extrait :

 

2. Plate-forme 2
Sylvie est assise face public, Franck et Coco sont assis l’un en face de l’autre.

Franck dit Nono. Il s’adresse à Sylvie. Tu n’es pas capable.
Sylvie. Je sais comment on fait. J’ai déjà vu.
Franck dit Nono. Tu lui as demandé s’il était d’accord.
Sylvie. Quand il me regarde je sais qu’il est d’accord.
Franck dit Nono. Il s’adresse à Coco. Tu m’as demandé la permission. Il ne m’a pas demandé la permission.
Sylvie. Quand il me regarde je sais qu’il est d’accord.
Franck dit Nono. Tu as demandé la permission pour baiser ? Répète s’il te plaît Franck est-ce que je peux baiser Sylvie.
Coco. S’il te plaît Nono est-ce que je peux.
Franck dit Nono. Plus fort j’entends pas.
Coco. S’il te plaît Nono est-ce que je peux.
Franck dit Nono. Tu n’es pas capable.
Coco. Je sais comment on fait. J’ai déjà vu comment.
Franck dit Nono. Tu lui as demandé si elle était d’accord.
Coco. Sylvie quand je la regarde je sais qu’elle est d’accord. Sylvie elle sait bien que j’ai une bonne santé, que je suis devenu fort à cause de tous ces légumes qu’elle m’a préparés. Elle sait que je suis devenu un mâle fertile prêt pour la fécondation.
Franck dit Nono. Tu m’as demandé la permission pour féconder ? Répète s’il te plait est-ce que je peux féconder.
Coco. S’il te plaît est-ce que je peux féconder.
Franck dit Nono. J’entends pas.
Coco. S’il te plaît est-ce que je peux féconder.
Sylvie. Il n’est pas obligé. Tu peux très bien le faire.
Franck dit Nono. Je peux très bien le faire. Pause. Il n’est pas capable.
Sylvie. Il n’est pas capable de dire. Baiser Sylvie. Ça ne veut pas dire pas capable de féconder.
Franck dit Nono. Qu’est-ce que tu veux faire avec moi ?
Sylvie. Je veux te faire manger.
Franck dit Nono. Qu’est-ce que tu veux me faire manger ?
Sylvie. Pour augmenter ton capital fertilité j’ai préparé sept légumes différents.
Franck dit Nono. Tu me parle de légumes pour l’estomac quand moi je pense à des bénéfices assurés. Possibilités d’un commerce trafiqué dans le dos du trafic officiel. Un avenir solide comme du matériel allemand.
Sylvie. Tu peux pas t’empêcher tu parles gras.
Franck dit Nono. Je me sens affamé sur les ouvertures. Je veux profiter du présent qui monte comme un désir de viande.
Sylvie. Tu sais bien qu’il n’aime que les jus de légumes.
Franck dit Nono. Je veux pas. Des poireaux, des navets, des choux de Bruxelles, des haricots, des carottes, des petits pois. Je veux pas. Ne supporte que les pommes de terre.
Sylvie. Si on mange sept sortes de légumes par jour on diminue les risques de cancer et on augmente les facteurs de fertilité.
Franck dit Nono. Je suis en bonne santé. Pas besoin d’augmenter les possibilités.
Sylvie. Ne me dis pas que tu refuses de diminuer tes risques de cancer. Mieux on se connaît plus on peut prévoir les risques. Le cancer n’a pas besoin de te connaître pour commencer à t’attaquer.
Franck dit Nono. Je n’ai plus de médicaments.
Sylvie. Je vais aller en acheter.
Franck dit Nono. Il les a jetés dans les toilettes.
Sylvie. à Coco. Pourquoi tu as fait ça ?
Coco. J’ai fait ça pour toi qui sors de la cuisine et qui me chuchote à l’oreille la question des choses.
Sylvie.  à Franck. Pourquoi tu n’as pas voulu l’empêcher ?
Franck dit Nono. Parce que c’est rassurant de savoir que quelqu’un s’occupe de sa santé. On se laisse aller si facilement. Pause. Quelle est la partie la plus solide de mon corps ?
Sylvie. C’est moi. Elle regarde Coco. Toi tu es la partie la plus proche. Tu es son frère.
Franck dit Nono. La partie la plus moche.
Sylvie. Mieux on se connaît plus on peut prévoir les risques. Une bonne alimentation c’est décisif.
Franck dit Nono. Il reste des pommes de terre. On pourrait. On aurait dû. On pourrait doucement en manger. Le peu qu’il reste. Faire durer le plaisir.
Sylvie. Commencez le repas sans moi.
Elle ne bouge pas.
Qu’est-ce que tu regardes ?
Franck dit Nono. Je regarde la beauté du matériel une tondeuse à gazon haut de gamme sur le parquet du salon belle comme une promesse de viande.
Sylvie. Une promesse ça ne dure pas. Elle regarde son ventre. Moi je suis solide sur l’avenir.
Franck dit Nono. Tu es aussi belle que cette tondeuse à gazon.
Sylvie. Ça commence tu te laisses aller. Je vais sortir acheter tes médicaments.
Franck dit Nono. Ne sors pas maintenant. On s’en passera. Doucement. Faisons durer le plaisir.
Sylvie. Ça ne dure pas. Ça commence. Ça commence sans moi.


3. Plate-forme 1
Sur la plate-forme 2, Sylvie et Franck se sont levés et dansent. Coco reste assis et les regarde.

La femme. Il était le fils du charcutier. Je veux dire son père tenait une charcuterie. Raconter sa vie en disant c’était le fils du charcutier ce n’est pas la même chose que commencer par son père tenait une charcuterie. Il était le fils du charcutier mais personne ne disait celui dont le père tient la charcuterie. Le père vit dans une belle maison. Personne ne dit le retraité charcutier vit dans une belle maison. Le père de Franck tout le monde sait qu’il tenait la charcuterie avant d’habiter dans la belle maison. Je connaissais Franck parce que je l’avais vu grandir en même temps que moi en face du commerce de son père.

Le frère. On a refait la tapisserie du salon au mois de juillet l’année dernière. Il faisait beau c’est la bonne période pour refaire la tapisserie. On avait été choisir le papier peint ensemble dans la zone industrielle. Je travaille au rayon jardinage mais je peux avoir des réductions sur le papier peint. C’est quelque chose de simple, Sylvie a du goût elle sait ce qu’il faut pour que ce soit agréable. Beaucoup plus lumineux qu’avant surtout qu’on est plein nord, le soleil est plutôt dans la chambre. Cette année on refera peut-être la tapisserie dans la chambre. Elle est plus petite que le salon.

Le grand frère. Avant j’attends le moment de la paille dans la bouche dans la cuisine. Je vois les images dans la télé, je veux dire je sais que les images sont dans la télé, les images dans la télé ne sont pas dans le salon, pas comme le liquide dans la paille et puis dans la bouche si on aspire bien les images dans la télé même si on les entend dans le salon elles sont pas dans le salon. Sylvie dans la cuisine elle entend elle dit baisse le son elle dit pas enlève les images de la télé qui sont dans le salon car elle elle sait que les images elles sont pas dans le salon. Dans la cuisine elle prépare les choses liquides pour moi et les choses solides pour Nono. Les choses solides sont dans Nono car Nono il a un solide appétit, moi je sais que j’ai l’appétit des liquides alors je dis j’ai un liquide appétit Sylvie elle rigole et me donne des choses qui prennent du temps à devenir liquides pour moi juste le temps de rester dans le salon le canapé devant les images dans la télé. Nono avant de s’installer dans le canapé mais après avoir parlé des choses avec Sylvie dans l’entrée il regarde le courrier déposé sur la table dans la cuisine prend le programme des images qu’on peut voir à la télé car on sait à l’avance les images grâce au programme avant de s’asseoir dans le canapé à côté de moi dans le salon à ma gauche je sens Nono saisir la télécommande ou juste laisser reposer ses mains sur ses cuisses ou alors se gratter la joue avec ses doigts ou croiser les bras sur son ventre. Les gestes de Nono à force je les connais à l’avance et aussi la façon dont Nono comme ça il dit les choses parfois pendant tout ce temps où Sylvie prépare le moment où tous les trois à table à manger moi assis entre Nono et Sylvie Nono face à Sylvie le moment où les gestes de Nono les gestes de Sylvie sont différents des miens à cause des liquides.
Il s’allonge. Le frère et la femme du frère commencent à danser de la même manière que Franck et Sylvie.

4. Plate-forme 2
Franck et Sylvie continuent de danser.

Sylvie. On pourrait recevoir des gens, voir des gens, tes amis, inviter tes collègues de travail, organiser un repas.
Franck dit Nono. Je n’ai pas de collègues de travail. Pour en avoir il me faudrait un vrai travail, un travail que j’aime. De toute façon je ne pourrai jamais aimer des collègues de travail juste les désirer un peu mais pas les aimer.
Sylvie. Il faudrait qu’il y ait assez à manger s’il y a assez à manger on ne s’ennuiera pas. Pas de buffet ou de plat unique, non il faudrait un vrai menu avec de l’argenterie.
Franck dit Nono. Nous n’avons pas d’argenterie.
Sylvie. Alors un vrai menu avec de la vaisselle en porcelaine.
Franck dit Nono. Nous n’avons pas de vaisselle en porcelaine.
Sylvie. Alors un vrai menu avec de la vaisselle ordinaire. Les invités ne seraient pas nécessairement élégants ils pourront être en tenue décontractée et ils se placeraient où ils voudraient. On ne séparera pas les couples. On invitera aussi les enfants. Il faudra prévoir des vases pour les fleurs ou non on leur demandera plutôt d’apporter le vin. On chantera et on organisera des jeux pour les enfants à la fin du repas.
Coco. Moi ça me plairait de danser avec toi.
Sylvie. Oui on dansera.
Franck dit Nono. Pause. Avec qui ?
Sylvie. On jouera avec les enfants.
Franck dit Nono. Les garçons attrapent les filles.
Sylvie. Saute-mouton.
Franck dit Nono. Les garçons attrapent les filles dans les coins.
Sylvie. Chat perché.
Franck dit Nono. Les garçons attrapent les filles et baisent dans les coins.
Sylvie. Colin-Maillart.
Coco. On commence quand.