Ce n’est pas de cela dont tu avais envie ?
Ce n’est pas de cela dont tu avais envie d’entendre parler la morte ?
Tu me disais : le jean c’est pour révéler les fesses
Tu me disais : la jupe c’est pour faire rêver la chatte
De moi, tu gardes des images
Celles de la morte ou celles de la vivante ?
Les images mortes, les cheveux
Et la jupe retroussés par le courant ?
Ce n’est pas de cela dont tu avais envie ?
Entendre parler la morte.
Le jean raffermit la fesse et la rend
désirable
La jupe voile tout.
Grâce à la jupe : un chemin jusqu’au rêve,
un vent chaud jusqu’au sexe.
Après j’y pensais sans cesse en m’habillant.
Le sexe peut exister
grâce à la jupe.
De moi, tu gardes des images
Celles de la morte ou celles de la vivante ?
Les images mortes, les cheveux
Et la jupe retroussés par le courant ?
Oui,
Oh oui,
mon sexe est encore humide de toute cette eau
et ça fait des cendres froides et mouillées.
Je suis à la fête
Je suis une fête
de sensations en fumée
de fumée de sensations.
Je crois que les choses vont bien.
Je crois que les choses vont bien.
De moi, tu gardes des images
Celles de la morte ou celles de la vivante ?
Les images mortes, les cheveux
Et la jupe retroussés par le courant ?
Je me noie.
J’ai encore
les images des barreaux des fenêtres.
Je me noie encore
jetée par la fenêtre à travers le crible des barreaux.
Je me vois encore
déchiquetée, passant dans l’air en morceaux, hachée par les barreaux.
Je me noie
et je rêve.
De moi, tu gardes des images
Celles de la morte ou celles de la vivante ?
Les images mortes, les cheveux
Et la jupe retroussés par le courant
Je me noie
et je vois les chairs vaporisés
les fumées des feux d’artifice.
Les feux d’artifice, et la fumée qui les suit.
Tu vois : ces espèces de fleurs grises qui restent après la beauté éclatante des explosions et des couleurs.
C’est comme ça que je me suis vue quand
quand j’ai été belle
et bien noyée.
Cadavre, squelette de feux d’artifice.
De moi, tu gardes des images
Celles de la morte ou celles de la vivante ?
Les images mortes, les cheveux
Et ma jupe retroussés par le courant
Je ne suis plus folle
je suis confuse.
J’ai fini de distinguer les matières.
Elles se valent, mais je sais dire les choses. Tu te souviens de ce geai sauvage qui picorait un arbre de bronze au milieu d’un jardin? Un arbre moulé en bronze, et le geai ne s’attaquait qu’à lui. Je crois que c’est une bonne image de moi. Je picore des arbres en bronze.
C’est ma dernière image.
Est-ce qu’elle devient la seule image ?