(Ce texte faisait partie des matériaux préparatoires à Hamlet and the something pourri, mais il n'y a finalement pas trouvé sa place.)

 

 

Le soir seulement vous mangez et buvez. Chacun produit les images et les pensées qui peuvent enrichir et consoler les cinq autres. Consolidation : celle d'avant le retour à la dislocation. 

 

L'entraînement a été dur et amical. Vous savez désormais écraser les rats moustachus au travers des tapisseries. Célébration théâtrale du massacre des huchapins. 

 

Tu as formé pour toi-même un entraînement spécial, qui te fait paraître fou aux yeux des autres. Ainsi, tu n'es pas loin de celle que tu aimes, et tu laisses encore du silence en toi. Au milieu du chemin tu le quitte pour t'enfoncer dans la forêt, et tu abats à mains nues les arbres morts. Pour certains, qui sont déjà penchés, couchés, appuyés sur de jeunes branches, je te vois t'y accrocher dans le fil de la course quand, désaxés, ils s'effondrent, craquant parfois du coeur de leur bois sec. D'autres sont encore grand et verticaux, plus solides, et il te faut du temps et de la force, il te faut les serrer contre toi, faire grandir progressivement l'oscillation et la vibration en eux pour qu'ils s'écroulent, abattus par leur mouvement interne. Je te vois trembler avec les arbres. 

 

Tu as l'air d'un fou mais tu ne l'es pas. Tu inventes pour toi-même la dépense de ton énergie, c'est ton fight-club avec les arbres. Après tu sauras laisser la masse du bois écroulé derrière toi et rejoindre les autres.